J’aimerai ou j’aimerais ?

La langue française est riche en subtilités qui peuvent parfois prêter à confusion, y compris pour les locuteurs natifs. Parmi ces subtilités figurent les conjugaisons au futur et au conditionnel, notamment quand on parle des verbes comme « aimer ». Ainsi, on se demande souvent : « Faut-il écrire “j’aimerai” ou “j’aimerais” ? » 

En apparence, la différence peut sembler minime — une simple lettre « s » en plus ou en moins. Pourtant, cette lettre change complètement le temps et le sens de la phrase. 

Dans cet article, nous allons explorer de manière détaillée les règles de grammaire qui régissent l’emploi de ces deux formes, la meilleure façon de s’en souvenir, ainsi que des astuces pour ne plus se tromper.

Comprendre la différence entre « j’aimerai » et « j’aimerais »

Futur simple vs conditionnel présent

Avant toute chose, il convient de rappeler que « j’aimerai » est la forme du futur simple du verbe « aimer », tandis que « j’aimerais » correspond au conditionnel présent. Le futur simple exprime une action à venir, considérée comme certaine ou hautement probable. Le conditionnel présent exprime quant à lui un souhait, une possibilité ou une hypothèse qui n’est pas forcément réalisée.

• Futur simple : « j’aimerai » signifie « j’aimerai demain », « j’aimerai plus tard », bref, « j’aimerai à l’avenir ». On affirme donc quelque chose qui va se produire de façon quasi certaine.
• Conditionnel présent : « j’aimerais » marque le souhait, l’éventualité. On pourrait le comprendre comme « il se peut que j’aime… », « je voudrais aimer… », « j’aimerais bien si… », etc.

Pourquoi cette confusion est-elle fréquente ?

Les locuteurs francophones ont souvent du mal à distinguer ces deux formes parce qu’à l’oral, la différence de prononciation est discrète. Pour beaucoup, « j’aimerais » et « j’aimerai » sonnent presque de la même façon, bien qu’il y ait une légère nuance à l’oreille. À l’écrit, en revanche, le « s » final dans « j’aimerais » est la marque visuelle du conditionnel, tandis que l’absence de « s » dans « j’aimerai » indique le futur.

Cette subtilité semble d’autant plus difficile à maîtriser que le conditionnel et le futur simple se forment de manière proche : on ajoute souvent des terminaisons similaires ou proches à la base du verbe. Pourtant, en contexte, l’emploi de l’un ou de l’autre change totalement le sens de la phrase.

1.3. L’importance de choisir le bon temps

Choisir entre « j’aimerai » et « j’aimerais » n’est donc pas anodin. Ces deux formes ne sont pas interchangeables, car chacune renvoie à un contexte et à une intention différents. Une erreur d’utilisation peut conduire à des quiproquos ou, au mieux, révéler un manque de maîtrise de la langue. Dans le cadre professionnel, par exemple, bien choisir entre futur et conditionnel est essentiel pour exprimer clairement ses intentions ou hypothèses. Pour convaincre votre interlocuteur, il est important d’utiliser le temps correct.

Les règles grammaticales pour ne plus se tromper

Le futur simple : « j’aimerai »

Le futur simple s’emploie pour parler d’une action qui se déroulera plus tard, généralement de manière certaine. La formation du futur simple pour le verbe « aimer » suit la règle générale du premier groupe :

1. On part de l’infinitif : aimer.
2. On ajoute les terminaisons du futur simple : -ai, -as, -a, -ons, -ez, -ont.

Ainsi, on obtient :

• j’aimerai
• tu aimeras
• il/elle/on aimera
• nous aimerons
• vous aimerez
• ils/elles aimeront

À l’écrit, le futur simple se repère rapidement grâce à la terminaison -ai pour la première personne du singulier. C’est un temps qui exprime la certitude : vous projetez réellement de réaliser l’action dans l’avenir.

Exemples :

• « Plus tard, j’aimerai voyager autour du monde. »
• « Demain, j’aimerai rencontrer l’équipe de direction. »

Dans ces exemples, on évoque un futur planifié ou jugé probable. L’action est considérée comme devant se réaliser.

Le conditionnel présent : « j’aimerais »

Le conditionnel présent, quant à lui, exprime une éventualité, un souhait, un désir ou une hypothèse. La formation du conditionnel présent pour le verbe « aimer » se base sur le radical du futur (c’est-à-dire « aimer- ») auquel on ajoute les terminaisons de l’imparfait : -ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient.

On obtient donc :

• j’aimerais
• tu aimerais
• il/elle/on aimerait
• nous aimerions
• vous aimeriez
• ils/elles aimeraient

À l’écrit, la marque du conditionnel pour la première personne du singulier est -ais. Ce temps est souvent utilisé pour exprimer un souhait, une hypothèse : cela peut être un désir personnel, une requête polie ou encore un conseil nuancé.

Exemples :

• « J’aimerais tant partir en vacances, mais je ne suis pas sûr de pouvoir prendre congé. »
• « J’aimerais te dire toute la vérité, si tu me le permets. »

Ici, l’action n’est pas certaine. On exprime ce que l’on voudrait faire, ce que l’on imagine, sans pour autant avoir la certitude de sa réalisation.

Astuces pour ne plus se tromper

Se poser la question du sens

Une méthode simple pour choisir entre futur et conditionnel est de réfléchir à ce que l’on veut exprimer. S’agit-il de parler d’un événement futur qui va sûrement se produire ? Dans ce cas, c’est le futur simple : « j’aimerai ». Ou bien souhaite-t-on exprimer un désir, une hypothèse ou une condition ? C’est alors le conditionnel : « j’aimerais ».

Astuce mnémotechnique :

• Futur simple → action planifiée, réelle, ou très probable.
• Conditionnel → envie, hypothèse, éventualité, politesse.

Utiliser la comparaison avec d’autres verbes

Une autre astuce consiste à comparer « aimer » à d’autres verbes. Prenons par exemple le verbe « finir », qui se conjugue également selon les règles du deuxième groupe. Au futur simple, on dit « je finirai », au conditionnel présent, « je finirais ». Le raisonnement est le même : si vous voulez exprimer quelque chose que vous ferez dans le futur, vous utilisez « finirai ». Si vous exprimez un souhait, vous dites « finirais ». En observant la cohérence avec d’autres verbes, il devient plus aisé de repérer l’emploi correct de « j’aimerai » ou « j’aimerais ».

Faire attention à la prononciation

Pour l’oreille exercée, « j’aimerai » et « j’aimerais » ne se prononcent pas exactement de la même façon. Le « é » final de « j’aimerai » (futur) est légèrement plus fermé que celui de « j’aimerais » (conditionnel), qui, lui, tend vers le son « è ». Bien que cette nuance soit parfois ténue, s’entraîner à faire la distinction à l’oral peut grandement aider à l’écrit.

Penser au scénario de réalisation ou non

Demandez-vous : « Est-ce quelque chose que je prévois de faire ? » → Futur simple = « j’aimerai ».
Ou bien : « Est-ce un souhait que je formule, sans certitude ? » → Conditionnel = « j’aimerais ».

Cette approche logique, basée sur le niveau de certitude, clarifie rapidement la confusion.

Exemples et phrases célèbres

Exemples concrets de la vie courante

1. « Plus tard, j’aimerai apprendre la guitare »
   • Ici, on se projette dans l’avenir avec une intention ferme.
2. « J’aimerais apprendre la guitare, mais je manque de temps »
   • Ici, on exprime un souhait, une envie non confirmée par les circonstances.
3. « J’aimerai déménager l’an prochain »
   • On indique un projet prévu dans un futur programmé.
4. « J’aimerais déménager, si j’avais les moyens »
   • L’action dépend d’une condition (avoir les moyens).

Citations et phrases célèbres

Pour renforcer votre compréhension, voici quelques adaptations (ou paraphrases) de phrases célèbres, afin d’illustrer l’usage de « j’aimerai » et « j’aimerais ». Nous prendrons soin de rester dans le domaine des exemples inspirés de la littérature ou de la chanson, sans plagier les œuvres originales.

1. « Demain, j’aimerai chanter sur scène comme un grand artiste. »
   • On projette cette action au futur, c’est un but à atteindre.
2. « J’aimerais tant voir Syracuse… »
   • Inspirée d’une chanson célèbre (Henri Salvador chantait « J’aimerais tant voir Syracuse »). On y exprime le désir, le rêve de découvrir une ville lointaine.
3. « Je t’aimerai jusqu’à la fin des temps. »
   • Déclaration solennelle au futur, exprimant la certitude et la promesse d’aimer éternellement.
4. « J’aimerais croire que l’amour est éternel, mais je doute parfois. »
   • Nuance de conditionnel, on formule ici un vœu ou une hypothèse, associée à de l’incertitude.

Impact sur la signification

Dans les exemples ci-dessus, le choix du futur simple renvoie à quelque chose d’inéluctable, de planifié ou de fortement envisagé : on est sûr de soi, on fait une promesse ou on décrit un projet concret. Le choix du conditionnel, lui, inclut l’idée de condition, de doute, de souhait ou de politesse.

Techniques pour retenir facilement la différence

Remplacer mentalement par « je voudrais » ou « je vais »

Une astuce particulièrement efficace consiste à substituer mentalement :

• « J’aimerais » → remplacez-le par « je voudrais ». Si la phrase a toujours du sens, vous êtes au conditionnel.
• « J’aimerai » → remplacez-le par « je vais ». Si la phrase paraît logique, vous êtes au futur simple.

Par exemple, si vous hésitez :

• « J’aimerai déménager dans un an. » → « Je vais déménager dans un an. » → C’est le futur simple.
• « J’aimerais déménager, si je trouvais un emploi dans cette ville. » → « Je voudrais déménager, si je trouvais un emploi dans cette ville. » → C’est le conditionnel.

Savoir conjuguer à tous les temps

Pour ne plus vous tromper, révisez la conjugaison du verbe « aimer » à tous les temps. Apprendre par cœur les terminaisons du futur et du conditionnel est un investissement rentable : cela vous aidera également pour d’autres verbes du premier groupe, ainsi que pour les verbes irréguliers, puisque vous aurez assimilé le fonctionnement général des deux temps.

Observer la terminaison

À l’écrit, faites un focus sur la terminaison :

• Au futur simple, la première personne du singulier se termine par -ai.
• Au conditionnel, la première personne du singulier se termine par -ais.

Si vous repérez un « s » final, vous êtes au conditionnel. S’il n’y a pas de « s », vous êtes au futur.

Lire et écouter du français régulièrement

La meilleure façon de devenir familier avec les subtilités de la langue est de lire et d’écouter régulièrement du français (romans, articles, podcasts, vidéos, émissions de radio, etc.). Progressivement, votre oreille s’habituera aux nuances de prononciation, et votre œil repèrera plus facilement la bonne terminaison à l’écrit.

Exercices pratiques : testez vos connaissances

Afin de valider votre compréhension, voici plusieurs exercices conçus pour vous aider à distinguer facilement le futur simple du conditionnel présent. Prenez un moment pour les résoudre avant de consulter la correction proposée en fin de section.

Complétez les phrases (choisissez entre « j’aimerai » et « j’aimerais »)

1. Plus tard, ____ déménager dans une maison au bord de la mer.
2. ____ avoir plus de temps pour lire, mais mes journées sont déjà bien remplies.
3. L’année prochaine, ____ m’inscrire à des cours de poterie.
4. ____ tellement découvrir la culture japonaise, si j’avais plus de vacances.
5. ____ te poser une question, si tu me le permets.

Soulignez la forme correcte

1. Demain, (j’aimerai / j’aimerais) participer à la réunion de travail.
2. (J’aimerai / J’aimerais) bien goûter ce nouveau dessert, mais je surveille ma ligne.
3. Un jour, (j’aimerai / j’aimerais) avoir ma propre entreprise.
4. (J’aimerai / J’aimerais) quitter la ville, si je trouvais un emploi à la campagne.
5. (J’aimerai / J’aimerais) étudier plus sérieusement, mais je n’arrive pas à me concentrer.

Transformez les phrases au temps qui convient

Vous trouverez ci-dessous des phrases au présent. Transformez-les en utilisant soit le futur simple (si c’est un projet certain) soit le conditionnel (si c’est un souhait, une hypothèse).

1. Aujourd’hui, je pars faire un stage à l’étranger.
   • (Projet certain, date prévue l’année prochaine)
2. Je mange dans ce restaurant tous les week-ends.
   • (Hypothèse, si j’en avais l’occasion)
3. Je participe à un concours de chant la semaine prochaine.
   • (Rêve non encore confirmé)
4. Je passe les fêtes en famille.
   • (Plan futur, déjà organisé)
5. Je me repose dès que j’ai un moment de libre.
   • (Souhait, dépend de la charge de travail)

Rédaction libre

Rédigez cinq phrases en utilisant « j’aimerai » et cinq phrases en utilisant « j’aimerais ». Prenez soin de vérifier le sens de chaque phrase et la cohérence du temps verbal.

Corrigés des exercices

Complétez les phrases

1. Plus tard, j’aimerai déménager dans une maison au bord de la mer.
   • (Projet futur, certitude)
2. J’aimerais avoir plus de temps pour lire, mais mes journées sont déjà bien remplies.
   • (Souhait)
3. L’année prochaine, j’aimerai m’inscrire à des cours de poterie.
   • (Futur planifié)
4. J’aimerais tellement découvrir la culture japonaise, si j’avais plus de vacances.
   • (Désir soumis à une condition)
5. J’aimerais te poser une question, si tu me le permets.
   • (Politesse, requête)

Soulignez la forme correcte

1. Demain, j’aimerai participer à la réunion de travail. (futur)
2. J’aimerais bien goûter ce nouveau dessert, mais je surveille ma ligne. (souhait)
3. Un jour, j’aimerai avoir ma propre entreprise. (projet à long terme, certitude)
4. J’aimerais quitter la ville, si je trouvais un emploi à la campagne. (condition)
5. J’aimerais étudier plus sérieusement, mais je n’arrive pas à me concentrer. (souhait)

Transformez les phrases au temps qui convient

1. Aujourd’hui, je pars faire un stage à l’étranger.
   • Futur certain : « L’année prochaine, je partirai faire un stage à l’étranger. »
2. Je mange dans ce restaurant tous les week-ends.
   • Conditionnel (hypothèse) : « Je mangerais dans ce restaurant tous les week-ends, si j’en avais l’occasion. »
3. Je participe à un concours de chant la semaine prochaine.
   • Rêve non encore confirmé (conditionnel) : « Je participerais à un concours de chant, si je me sentais prêt. »
4. Je passe les fêtes en famille.
   • Futur (déjà organisé) : « Cette année, je passerai les fêtes en famille. »
5. Je me repose dès que j’ai un moment de libre.
   • Souhait (conditionnel) : « Je me reposerais dès que j’aurais un moment de libre, si j’en trouvais un. »

Pour finir…

La confusion entre « j’aimerai » et « j’aimerais » est très répandue, mais il existe heureusement des méthodes simples pour ne plus vous tromper. Rappelez-vous que le futur simple (« j’aimerai ») exprime un fait à venir considéré comme quasi certain, tandis que le conditionnel présent (« j’aimerais ») traduit un souhait, une hypothèse, une éventualité ou une forme de politesse. Ainsi, la présence du « s » dans « j’aimerais » révèle toute l’incertitude ou la nuance de l’action.